Le Petit Corbeau et l’Épouvantail

Il était une fois, une famille de corbeaux qui vivait près d’un champ doré et chatoyant.

Elle y avait toujours été heureuse et allait le picorer régulièrement dès que le fermier avait le dos tourné.

Mais depuis peu, un étrange individu, imposant et menaçant, surveillait le champ jour et nuit. Sa posture était anormale et ses vêtements déchirés. Au milieu de sa tête sans visage, ses yeux sombres semblaient fixer les oiseaux constamment.

Par peur, les corbeaux n’osaient donc plus s’approcher du champ. Mais l’hiver approchait et leurs réserves étaient presque vides.

***

Le plus jeune des oisillons, voyant l’inquiétude de sa famille, voulut faire quelque chose pour l’aider.

Un matin, alors qu’il était seul dans le nid, il s’envola.

Il voleta jusqu’au champ, survola les épis dorés et commença sa récolte.

Soudain, un coup de feu retentit.

Le petit corbeau tomba au sol, légèrement blessé. Lorsqu’il releva le bec, il réalisa qu’il était aux pieds de l’étrange individu.

Terrorisé, il fut incapable de bouger. Mais au loin, le fermier approchait à grands pas en exultant de joie.

C’est alors que l’étrange individu s’adressa à l’oiseau et lui révéla son secret :

« Je suis un épouvantail, et non pas un humain.

Je suis fait de paille, de bois, de tissus et de rien.

J’ai été conçu pour effrayer les oiseaux,

Je ne peux même pas bouger de ce maudit poteau.

Grimpe sur mon corps, et sous mon chapeau cache toi,

Si tu ne souhaites pas que le fermier te voit. »

Le petit corbeau stupéfié autant que soulagé, se faufila sous le chapeau de l’épouvantail pour s’y cacher.

Le fermier arriva à leur hauteur… mais ne trouvant pas son butin, repartit en maugréant.

L’oiseau sortit de sa cachette et remercia son sauveur.

L’Épouvantail reprit :

« Avant que tu t’envoles, j’ai un dernier souhait.

Promets-moi de garder pour toi notre secret. »

Le petit corbeau lui en fit la promesse puis s’envola.

L’homme de paille resta planté dans son vaste champ doré, de nouveau seul.

***

Le lendemain, alors que le soleil venait de se coucher, l’épouvantail distingua au loin le petit corbeau qui volait vers lui. Il fut ému de voir que son nouvel ami ne l’avait pas oublié.

Mais il remarqua bien vite qu’il était suivi par un nuage d’oiseaux… la famille de corbeaux.

Ils fendirent l’air en direction du champ et se mirent à le piller, devant l’épouvantail pétrifié.

L’homme de paille supplia le petit corbeau d’arrêter ce carnage :

–  Je t’ai sauvé du fermier et révélé qui j’étais. Pour toi cela n’a pas de valeur ? N’as-tu donc aucun cœur ?

–  Comme tu me l’as révélé, tu es fait de paille, de bois, de tissus et de rien. Ma famille elle est faite de chair et a extrêmement faim.

Sur ces derniers mots, l’oisillon rejoignit sa famille pour amasser le plus de graines possible.

L’homme de paille ne put que les regarder faire… impuissant.

***

Le petit corbeau était bien loin, lorsque le fermier découvrit son champ dévasté.

Il ne l’entendit pas maudire l’épouvantail, qui n’avait rien empêché.

Et ne vit pas le fermier, brûler sans aucun remords, l’homme de paille terrorisé.

Fin

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